Ce tableau fait partie d'un cycle de quatre toiles attribuées parfois à Benedetto, frère de Véronèse, qui montrent les principales héroïnes de la Bible. S'étant évanouie, Esther, désespérée pour son peuple et épouse préférée du roi perse Assuérus (Xerxès Ier), obtient l'annulation du décret de destruction des Juifs.

 

Esther intervient directement auprès du Roi de Perse, au cours d'un Conseil du Roi, pour obtenir la grâce de son peuple, et s'évanouit devant le trône. Le remarquable de cette histoire est ceci : Esther a osé sortir du gynécée et s'adresser au Roi en public pour une affaire de politique intérieur du pays. Dans les mœurs du temps c'était une démarche d'une audace étonnante, car une semblable intervention d'une femme dans la politique était absolument en dehors des normes. Ce qui permet de comprendre l'évanouissement d'Esther lors de cette entrevue. En fait elle risque non seulement la répudiation mais sa vie.

Paolo Caliari, dit Véronèse, peintre né à Vérone en 1528, mort à Venise le 19 avril 1588

Analyse

Le tableau s’apparente à une pièce de théâtre pour créer une sorte de dramaturgie lyrique entre les deux personnages. L’arrière plan représente aussi une architecture de décor de théâtre. Esther quant à elle fait pensée à une diva, la lumière est sur elle et prend la parole. Le rideau rouge en haut d’Assuérus symbolise la fin d’un acte.

Le fond gris permet de faire ressortir toute la gamme de rouge et d’or.

Le fond gris à teintes verdâtres fait écho au teint d’Esther, accentué par un jeu de projecteur que l’on peut deviner : en partant d’en haut à gauche sur Esther et un deuxième venant d’en bas à droite.

Les deux espaces délimités par les projecteurs sont les deux où les couleurs s’influencent entre elles.

Jeux de regard entre les hommes, leur regard est dur en échos avec leurs réactions.

La statue au centre du tableau symbolise l’harmonie, elle tient un instrument de musique annonçant la paix qui sera obtenue par Esther.

 

On remarque que les complémentaires interagissent entre elles de façon subtile afin de suggérer une atmosphère où les couleurs se confondent (fond architecturale : gris, vert, rouge). Les frontières sont douces : jeu de camaïeu. Cela permet l’utilisation de la couleur nous annonce un dénouement heureux.

Le bouffon tient son épée cela signifie peut-être un danger pour Esther mais le fou n’a pas de pouvoir il fait donc semblant de montrer une certaine puissance vis à vis d’elle. Cette signification est très ambiguë.

Les personnages à l’arrière-plan son en train de parler sur la balustrade. On distingue le ciel et les nuages, procédé que Véronèse aime, il crée sorte de transparence du ciel à travers les balustrades. On peut faire le lien aux Noces de Cana.

Les Noces de Cana, Véronèse (1562-1563)

musée du Louvre, Paris

Textile

Le tissu est une soie brochée, symbole de puissance et de richesse tout comme la gamme de couleurs.

Motifs et ornementations raffinés, les traits et la couleur ocre les font ressortir ainsi cela montre une lecture picturale méliorative.

Quant aux hommes les tissus sont monochromes exprimant une masse dure sans motifs.

L’influence des couleurs aussi bien à grande qu’à petite échelle, la distance peut jouer un rôle très important aussi. Elles est influencée par un jeu de lumière et construite par une composition.

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