Suzanne et les vieillards est un tableau peint par le peintre Véronèse (1528-1588). On ne connait pas la date de création de l’œuvre.

C’est une scène de genre, tiré d’une scène biblique. En effet, Suzanne et les vieillards est une histoire tirée du livre de Daniel. Elle fut reprise par plusieurs autres peintres et artistes et est très connue.

Dans le tableau de Véronèse, Suzanne, la protagoniste, est agressée sexuellement. Elle est victime d’attouchement et d’exhibition par les deux vieillards à sa gauche.

Véronèse

Paolo Caliari est né à Vérone en 1528, dans le nord de l'Italie et est mort en 1588 à Venise. Son pseudonyme, Paolo Veronese (Véronèse en Français) dérive du nom de sa ville natale. Ce peintre italien est réputé pour être un immense coloriste. De plus ses œuvres sont caractérisées par deux choses : premièrement le maniérisme, ses personnages ont des poses exagérées, appuyées et très expressive, ce qui donne un côté théâtrale à ses peintures, et deuxièmement la monumentalité, Véronèse prête une attention particulière à l’architecture, partie intégrante de ses compositions, cette architecture est parfois aussi expressive que les personnages de la scène.

Autoportrait, peint entre 1558 et 1563, Hermitage Museum, Saint Petersburg

Histoire biblique

Lors de l’exil des juifs à Babylone sous Nabuchodonosor II (604 – 562 av. J.C.), Suzanne, femme pieuse et d’une grande beauté, avait épousé Joakim homme riche et respecté par tous. Il possédait un jardin qu’il mettait à la disposition des Anciens chargés de juger et d’arbitrer les problèmes de la communauté juive.

Suzanne prenait bien soin de n’y entrer qu’en fin d’après-midi lorsque plus personne ne s’y trouvait et pouvait ainsi  profiter de sa fraîcheur. Or deux Anciens, épris de désir pour elle, s’arrangeaient pour la croiser régulièrement et un jour, s’étant concertés, ils se cachèrent dans le jardin, sachant que Suzanne allait arriver. En effet peu de temps après, la jeune femme y entra  et désireuse de se baigner, car il faisait chaud, envoya ses deux servantes chercher l’huile et les onguents nécessaires à sa toilette. Les servantes s’assurèrent que la porte principale était bien fermée puis sortirent par la porte dérobée de l’arrière.

Dès que Suzanne se fut dévêtue pour entrer dans le bassin, les deux Anciens surgirent de leur cachette et la menacèrent  de prétendre l’avoir surprise avec un jeune homme qui avait pu s’enfuir, et d’avoir ainsi commis le crime d’adultère si elle ne cédait pas à leur désir. Comme Suzanne refusait, préférant la honte et la mort au péché, les deux vieillards ouvrirent la porte du jardin, et mettant leur menace à exécution appelèrent à grands cris les serviteurs de Joakim et les informèrent de ce prétendu adultère. Le lendemain, suivie de toute sa famille en larme, Suzanne fut amenée devant le Tribunal où, devant tout le peuple assemblé, les deux juges réitérèrent leur inique accusation et Suzanne, malgré ses dénégations, ne pouvant prouver son innocence, fut condamnée à mort.

Alors qu’elle était conduite vers le lieu de son supplice, un très jeune homme, prénommé Daniel (le futur prophète), inspiré par Dieu, s’écria que lui sera innocent du sang de cette femme, et qu’un faux témoignage avait été porté contre elle. Le peuple, troublé, retourna au Tribunal où Daniel interrogea séparément les deux accusateurs leur demandant sous quel arbre l’adultère avait été commis. Comme l’un prétendait que cela s’était produit sous un lentisque, et l’autre sous un chêne, l’innocence de Suzanne fut reconnue et les deux juges subirent le châtiment qu’ils voulaient lui destiner.

D'après http://www.1oeuvre-1histoire.com/suzanne-vieillards.html

Composition

On retrouve cinq personnages :

 - Suzanne

 - Les deux vieillards

 - L’atlante

 - Le chien

La présence du chien indique que Suzanne fait partie de la haute société de l’époque. Car au siècle de Véronèse, les femmes se devaient d’avoir le plus petit des chiens. C’est un signe d’appartenance à la haute société mais c’est aussi un accessoire de mode pour pouvoir se réchauffer l’hiver.

 

La composition du tableau est circulaire. En effet, le muret au second plan, est de forme arrondie et vient clore la scène dans un espace restreint. Aucune sortie de secours n’est possible car l’atlante à gauche fait barrage sur la seule sortie possible pour Suzanne. À noter que l’atlante est un faune, personnage mythologique qui avait pour habitude de harceler et poursuivre les nymphes.

 

Ensuite, le regard du faune se dirige vers la poitrine de Suzanne qui est la touche de lumière principale de l’œuvre.

Les touches de lumière et les plis du textile rose d’un vieillard créé une circulation visuelle. Elle se poursuit avec les regards des deux vieillards qui se dirigent vers la poitrine de Suzanne.

Cet ensemble de composition circulaire créé un cercle vicieux pour Suzanne qui se retrouve enfermée dans cette situation maligne.

Camaïeux

Deux camaïeux sont présents dans ce tableau, le camaïeux de gris, ocre, vert, qui compose le ciel et l’atlante et le camaïeux d’orange, rouge, rose, présent sur les habits des personnages. Ces deux camaïeux s’opposent, l’un est froid et pesant, il alourdit la scène, tandis que le second et chaud, lumineux et donne de la douceur à une scène pourtant bien violente. Cette opposition nous mène à cette réflexion : en quoi les camaïeux transforment-ils la narration du tableau ?

Les camaïeux dans ce tableau révèlent l’histoire de Suzanne. En effet, le camaïeux de gris qui surplombe la scène ajoute de la dramaturgie tandis que celui de rouge adoucit la scène. De ce fait, on pense que ce dernier annonce la fin heureuse pour Suzanne.

Textiles

À l’époque de Véronèse, Venise était riche de textiles prestigieux. on pouvait trouver toute sortes de soieries. On peut alors supposer que les textiles présents sur l’œuvre sont des soies, plus précisément des taffetas de soie. Nous avons essayé de les reproduire en tissage.

 

De plus, des motifs apparaissent sur les extrémités des textiles. En tissage nous avons voulu créer nos motifs textiles, toujours en lien avec la gamme coloré chaude et orangée des textile du tableau.

 

Nous avons repris les couleurs du tableau et plus précisément le camaïeux de rouge de l’habit du vieillard du centre ainsi que de l’étoffe de Suzanne et nous avons tissé avec différents fils afin d’apprécier les différentes qualités de matières.

Ce tissage révèle l’histoire de Suzanne par les couleurs : en haut il y a le gris qui plombe la scène, avec toutes ces nuances, puis vient les couleurs des étoffes des personnages et enfin tout en bas, la chair de Suzanne, lumineuse.

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