Ce tableau d'inspiration biblique met en scène une riche famille vénitienne.

Les pèlerins d'Emmaüs, sont deux personnages du Nouveau testament qui figurent dans l'Évangile selon Luc, chapitre 24, versets 13 à 35.

La ville d’Emmaüs est un lieu-dit, proche de Jérusalem.

Le Christ, qui vient de ressusciter le matin de Pâques après sa crucifixion et sa mise au tombeau, apparaît sur la route d'Emmaüs à deux disciples troublés par sa mort, encore dans le doute, qui fuient Jérusalem. Les deux hommes lui offrent l'hospitalité sans le reconnaître.

Composition

Ce tableau se construit comme une pièce de théâtre, on y retrouve différents protagonistes. En effet, les personnages de ce tableau ont différents statuts, ils appartiennent à différentes temporalités.

Le Christ ressuscité entouré des deux pèlerins

Membres de la famille vénitienne

Rencontre entre Jésus et les pèlerins (scène qui précède le repas dans la Bible)

Le tableau peut ainsi s’appréhender comme un espace de rencontre, de mélange entre le divin et le terrestre.

Cependant la représentation de la scène biblique reste centrale. En effet, le Christ se situe au centre du tableau. Il est entouré de ces deux pèlerins. Leurs corps, ainsi que leurs regards dirigent notre vu sur les mains du Christ. Autour de ce repas biblique, on observe une famille patricienne de Venise richement vêtue. Ce sont les commanditaires du tableau. Ils sont représentés dans leurs villa avec leurs 10 enfants, 4 domestiques, 2 chiens, et un chat. De ce fait, Véronèse entend mettre l’accent sur l’humanité du Christ et introduire le sacré dans la vie quotidienne. La scène biblique est un prétexte de réalisation d’un portrait collectif. C’est une représentation laïque d’un sujet religieux typique de l’esprit vénitien du 16e siècle. C’est ce mélange de sacré et de profane qui a conduit Véronèse au tribunal de l’Inquisition.

Dans le paysage à gauche, sur un fond de ruine antique et de ville au pied d'une montagne, trois hommes cheminent : ce sont les deux pèlerins entourant le Christ. Véronèse, comme cela arrive souvent dans les tableaux de l'époque, reproduit l'action qui précède l'événement qui forme le sujet du tableau.

 

Environnement dans lequel évoluent les protagonistes :

- perron d’une luxueuse villa vénitienne

- aspect d’une scène de théâtre.

- 3/4= espace intérieur : neutre, dans les tons gris, composé de colonnes.

- 1/4= espace extérieur : paysage.

- dallage au sol qui apporte de la profondeur à la composition.

- surplomb du perron par rapport au paysage.

 

L’accent est mis sur la richesse du décor, sa somptuosité, qui prend vite le pas sur la thématique biblique et sur le repas lui même qui est réduit a sa plus simple expression. Le regard du spectateur arrive au niveau de la ligne d’horizon du tableau.

De plus, au Louvre le tableau est placé à une hauteur qui met le spectateur en contre plongée par rapport aux personnages du tableau. Notre regard se balade dans le tableau entre les différents plans. le tableau se lit à la verticale. Au premier plan, deux petites filles vêtues de riche brocard, indifférentes à ce qui se passe au-dessus d'elles, jouent avec un chien, tout comme le petit garçon un peu plus loin. L'une des jeunes filles regarde le spectateur. Elle attire ainsi particulièrement notre attention. Derrière ces jeunes filles, au deuxième plan Véronèse à représenter le Christ, entouré de deux pèlerins qui assiste au repas. Le christ est au centre du tableau. Au troisième plan se trouve les membres de la famille vénitienne. Ils entourent la table de repas. Cependant, aucun d’entre eux ne regarde la scène biblique qui se déroule à coté d’eux. De plus, on constate que les personnages sont tous a la même taille. L’échappée sur le paysage à gauche aère le tableau, lui donne de la profondeur.

Nous sommes en présence d’une famille vénitienne qui en quelque sorte reçoit dans sa villa le Christ et les deux pèlerins.

Les couleurs

À travers cette scène, Véronèse à l’occasion de peindre le faste de la noblesse vénitienne, parée de riches étoffes aux couleurs vibrantes, d’une intense luminosité.

Palette claire, caractérisé d’une grande légèreté, sérénité. Le tableau est majoritairement composé de nuances d’ocres, de roses, de lilas, de jaune. On retrouve également du rouge. Cependant, au centre de la composition se trouve le christ vêtu d’un drapée bleu, couleur complémentaire des jaunes, ocres. Ainsi, Véronèse choisi de le mettre en valeur. (couleur chaude/ couleur froide)

Rythme dans la disposition des couleurs, équilibre du tableau.

Véronèse porte une attention particulière non seulement à la distinction des textures mais également et surtout, à la suggestion de leur richesse, flattant les goûts et l'œil des commanditaires. Son art ne peut toutefois pas être réduit à une séduction facile. Véronèse joue des effets plastiques et narratifs que peuvent induire les jeux picturaux reposant sur la distinction des textures.

Le textile

Représentation de différentes étoffes :

- soie, coton, satin, lin

- Textile neutre et d’autres à motifs

- Enfants particulièrement richement vêtu (robes)

- le choix raffiné de ses coloris savamment juxtaposés, aux multiples nuances de rose, de lilas, parme, vert amande, ou anisées, bleu pastel, bleu azur, gris perle ou jaune. Tissu damassé

Vêtement d’inspiration antique

Le textile occupe une place prédominante dans le tableau. À travers les pliures, les reflets, le travail de la lumière et de la matière ; Véronèse donne à voir en trois dimensions un corps que le peinture réduit à deux dimensions seulement. L’enjeu de la distinction des textures porte, de façon remarquable, non seulement sur la peau mais aussi sur les vêtements. On constate que Véronese porte utilise sa technique pour magnifier les textures des vêtements.

Sur les textiles unis, l’analyse porte uniquement sur le rapport entre l’ombre et la luminosité formant les plis. Cela apporte du volume aux textiles. Avec ces jeux de luminosité, Véronèse magnifie les tissus. Par exemple, le coton rose pale du christ nous apparait avec la brillance de la soie.

Les enfants

On constate que les enfants sont richement vêtu. Les petites filles au premier plan portent des robes à motifs (fleurs). À cette époque, les vêtements des enfants est perçu comme une miniaturisation de celui de l’adulte. Ainsi les petites portent des robes à corset et à panier.

Manche en forme de brassard / manche de chemise en lin

La mère

Le vêtement principal de la femme est une robe à manche longue. Les manches ne sont pas fixe, elles s’attachent aux épaules par des aiguillettes ; cordons, terminé par un embout : le ferret. Cela forme une sorte de brassard enserrant le haut et le bas du bras.

Sa longue robe orangée, attire le regard sur l’éclat blanchâtre de la peau.

Le christ

Traitement pictural cherché, attention porté au détail, jeu de lumière dans les plis. Le christ est magnifier par ses vêtements. Une lumière émane du personnage.

Les pèlerins (statut à part)

Couleurs des textiles plus travaillées que sur les autres personnages, moins de motifs, textiles plus simples que les textiles des commanditaires.

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