Bassin à la ronde d'animaux, Iran, 10e-12e siècle

Le bassin a été découvert avec d’autres céramiques lors des fouilles de Nichapour, au nord-est de l’actuel Iran. Il est daté entre le 10e et 12e siècle après JC. D’après la documentation du Louvre : « Ces céramiques ont été interprétées comme étant destinées aux élites urbaines. » ce qui a surement été déduit de la richesse du motif et de la finesse du support, donnant ainsi de cet objet, au delà de son aspect utilitaire, un rôle de monstration du statut social de son détenteur.

 Le bassin a été réalisé grâce à un tour de potier. Il est peint avec des engobes, qui sont des préparations à base d' argile sous forme liquide.

La raison qui nous a poussés à vouloir approfondir nos recherches sur justement ce bassin, est son décor. Nous avons été attiré par ses motifs, qui, nous paraissaient presque comme issus d'un bestiaire contemporain. Mais nous avons également été surpris de trouver une pièce ayant une construction du décors aussi chaotique, nous sommes dans le département des Arts de l'Islam tout de même ! Art qui dans notre imaginaire est construit de manière très organisée, presque mathématique.

Organisation du motif

Animaux stylisés, végétaux et épigraphies. Le bassin est parcouru de nombreux motifs, qui, à première vue sillonnent sa surface intérieure selon leur bon vouloir contrairement à la régularité de construction du motif extérieur qui oppose ainsi un contraste.

Un examen plus précis révèle une logique très forte dans le placement des animaux, que le peintre suit avec liberté.

La surface du bassin est divisée selon six méridiens et quatre cercles concentriques et les motifs sont disposés suivant ces lignes et se répètent. De plus, la grande majorité des représentations animales ont le regard dirigé dans la même direction, ce qui donne une grand dynamisme au bassin. Enfin, le centre est occupé par un triangle légèrement déformé.

On peut également voir la présence de certains motifs qui se font face de manière renversée l'une par rapport à l'autre, ce qui peu se justifier par le fait que le support soit une bassin, et que cela permet donc de faire face à un animal quelle que soit la face par laquelle on l'aborde. Ce renversement participe à la perte de repères dans l'ordination du décor.

La symbolique des motifs

Nous avons identifié sur le bassin des animaux semblant êtres des Lions, des chevaux, des bouquetins, des  chiens, et de nombreux oiseaux. Il reste néanmoins certains animaux que nous n'avons pas réussi à identifier clairement. Et nous n'avons hélas pas su identifier ce que signifient cette iconographie. Sauf pour celles du troisième cercle, sur lequel on peu observer des scènes de chasse. Vers le 12e siècle ce motif était un motif fréquent dans toute l'Eurasie, et représente traditionnellement l’affrontement entre un prédateur et une proie. Il existe plusieurs hypothèses quant à leur sens, les moins contestées étant celle du symbole politique (voir La Pyxide d'al-Mughira) où le prédateur est le souverain vainqueur et la proie le peuple soumis; et celle selon laquelle ces affrontements représenteraient les combats fondateurs des différents clans (les sociétés Islamiques ayants été fortement influencées par les sociétés turco-mongoles, organisées en clan portants des noms d'animaux, comme Boga – Taureau –, ou Arslan – Lion –).

La Pyxide d'al-Mughira (968)

Musée du Louvre

Pour ce qui est des épigraphies, nous n’avons pu identifier que le fait qu’il s’agit d’évocations de dieu.

kaléidoscope

Un mot est souvent apparu lors de nos recherche : kaléidoscope. En creusant plus profondément nous nous sommes rendu compte que la logique de construction des motifs issus des kaléidoscopes est très similaire à celle que nous venons de dégager du bassin. Toutefois, le peintre ne respecte pas une symétrie parfaite entre les portions du bassin : les épigraphies ne se répètent pas.

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